Le nouveau testament à l’origine de la langue Basque écrite

On dispose de très peu d’écrits basques anciens.
L’un des premiers fût le nouveau testament, traduit par le pasteur Jean de Lizarrague (ex-curé de Labastide Clairence) en 1571.
Il fût cependant précédé par un recueil de poèmes de Detchepare (Beñat Etxepare), en 1545, et suivi bien plus tardivement par le " Geroko Gero " (" après l’après ") de Axular en 1643.

La traduction en basque du Nouveau Testament fut ainsi le premier mouvement de promotion de la langue basque, qui se développa au XVIème siècle sous le règne de Jeanne d’Albret (1555-1572), reine de Navarre et mère de Henri IV, qui encouragea la réforme autant sociale que religieuse. Elle confia à Jean de Lizarrague (Joanes Leizarraga), pasteur de Labastide-Clairence (et ex-curé de cette ville), la traduction du nouveau testament en basque, qui parut en 1571. Il fut aidé entre autres par le pasteur Bustanoby (voir documents ci-dessous).

Ce mouvement aurait pu être comparable à celui qui fit l’unification de la langue allemande grâce à la traduction de la Bible par Luther. Jean de Lizarrague aurait ainsi pu être le "Luther" de la langue Basque. Mais ce mouvement fut complétement stoppé par la contre-réforme ; les basques ne purent pas beaucoup profiter de la possibilité de lire la Bible dans leur propre langue et du même coup d’en répandre l’écriture.

L’église catholique romaine de l’époque refusait en effet l’usage des langues vulgaires (basque, français, allemand, …). La lecture de la Bible et la messe se faisaient en latin.

Documents

  • quelques traductions basques anciennes et récentes d’un même verset de l’évangile de Jean
  • extrait du nouveau testament de Jean de Lizarrague: chapître 3 de l’évangile de Jean.
  • Page Web Bustanoby : Cette page raconte notamment comment le pasteur de Mauléon fût sauvé par le curé de cette ville (1661) "More information on the basques" Fac-similé Traduction en français
  • Remarque personnelle

    On peut être surpris par l’absence d’autres écrits, tels que des cantiques en basque, qui ont certainement dû accompagner l’œuvre de Jean de Lissarague et de ses collègues. Ces cantiques auraient-ils disparu avec la destruction des temples et lieux de culte protestants ? Ou en resterait-il chez les descendants des huguenots basques ?
    Un (ou plusieurs ?) des nouveaux testaments de Lissarague contient d'ailleurs la confession de foi de la Rochelle, qui devrait donc être considérée comme le 3ème document écrit basque connu.
    Les persécutions ont en effet éliminé presque toutesles trâces du protestantisme jusqu’aux limites du pays basque. On trouve bien une "rue du temple" à Biarritz (mais il s'agit du lieu de l'ancien temple anglican), sinon il faut aller vers le Béarn pour trouver une inscription protestante ancienne, la première se situant dans le village d’Hastingues (versets bibliques gravés provenant de l’ancien temple de cette ville (1617) ainsi qu'une autre inscription datant de 1664).
    Le protestantisme n'a pu retrouver une existence officielle dans la région qu'après la révolution (réouverture d'un premier lieu de culte officiel à Bayonne en 1821).
    Une histoire plus détaillée du protestantisme au pays basque avant la révolution peut se trouver dans une conférence du pasteur Olaizola: "Les répercussions de la Révocation de L’Edit de Nantes au Pays Basque". Ce pasteur basque espagnol (décédé vers 1997) habitait Fontarrabie et a collaboré à la traduction œcuménique du nouveau testament en langue basque unifié . Pour plus de détails, voir le Musée du Protestantisme à Orthez.